Thème 1 - La socialisation

Publié le par entraides.over-blog.com

On a souvent tendance à considérer que ce que nous sommes résulte simplement de nos efforts, de notre volonté, de notre courage, de notre personnalité, voire même de caractéristiques héritées de notre famille : « il ressemble à son père » ; « c’est un tempérament fort comme son oncle » ; « elle passe sa vie dans les livres, elle tient ça de sa grand-mère »… tout un ensemble de réflexions que l’on entend souvent et qui laissent à penser que ce que nous sommes, c’est dans notre nature.

Dans cette même ligne d’idée, certains spécialistes du sport considèrent qu’il y a des profils physiologiques avec, pour chacun une personnalité spécifique. La plus connue est la classification de Sheldon (1942) avec trois grands types de personnalités physiologiques :

 

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L’endomorphe, petit, plutôt rond, ancré dans la réalité sociale, relationnelle, qui aime des tâches physiques et répétitives ; l’ectomorphe, longiligne, maigre, musculeux, souvent cérébral et introverti ; le mésomorphe, entre les deux, est plutôt un être passionnel et émotif.

Pour Sheldon, chaque type morphologique est adapté, par son physique et son mental, à un type d’activité physique donné : l’endomorphe fera de l’haltérophilie, le mésomorphe un sport qui demande un mental de combattant et demande une puissance physique assez importante (du tennis par exemple) et l’ectomorphe fera des sports de fond (marathon).

Notre morphologie physique est donnée en très grande partie par la naissance. Donc une fois encore, tout cela serait donné par la nature.

Néanmoins, quelques observations peuvent bousculer ce point de vue :

-          Deux vrais jumeaux, qui sont programmés génétiquement pour avoir le même physique, peuvent avoir, selon leur alimentation des différences de corpulence et même de taille importantes (jusqu’à 10cm !) ;

-          On sait depuis longtemps que certaines fonctions biologiques, si elles ne sont pas activées précocement, ne se développent pas : le langage, la marche debout, etc.

-          Des enquêtes (à prendre avec des pincettes néanmoins) montrent que le QI des enfants est extrêmement lié à celui de leurs parents… et quand il s’agit d’enfants adoptés, leur QI est proche de leurs parents « adoptants ».

Bref, ce que l’on croit naturel, biologique, ne l’est finalement peut-être pas autant et est largement influencé par le contexte social dans lequel nous vivant. C’est donc l’une des grandes tâches des sociologues, comprendre comment l’environnement social agit sur ce que nous sommes.

 

Le processus de socialisation

La socialisation est un processus par lequel nous allons assimiler les règles, les normes, les valeurs de notre environnement. On va apprendre ce qui est autorisé par la société, ce qui ne l’est pas, ce qui est attendu de nous, on va apprendre à parler, penser, réfléchir, se mouvoir, etc. Par exemple, des travaux ont montré que selon sa culture, on ne se déplace pas de la même façon : les américains bougent beaucoup, occupent énormément l’espace, bien plus que les européens, et encore plus que les asiatiques qui eux, ont tendance, au contraire, à « se faire petits ». Tout cela est lié aux cultures nationales : la culture américaine valorise l’individu qui doit se montrer, savoir saisir sa chance, etc. alors que dans la culture asiatique, on considère davantage que l’individu doit s’effacer derrière le groupe. A la seule démarche, une personne qui travaille dans un aéroport par exemple, pourra dire si la personne qui arrive est américaine, asiatique ou européenne.

Il s’agit donc bien là de quelque chose d’acquis, qui résulte d’un apprentissage culturel.

 

Socialisation primaire et secondaire

Très souvent, on confond la notion de socialisation avec celle d’éducation. L’éducation, la formation de notre personnalité de base est ce qu’on appelle la socialisation primaire. Elle se fait essentiellement au contact de la famille, de l’école et des groupes de pairs (les copains). C’est elle qui va forger en grande partie ce que nous sommes sachant qu’elle a un impact fort dans la mesure où la socialisation primaire se fait dans un contexte affectif et relationnel très fort. Des parents prévoyants, aimants, bienveillants, des profs attentifs et des bons copains peuvent avoir une influence très positive sur cette socialisation primaire (comme une mère marâtre, un père tyrannique, un prof despotique et des copains vachards peuvent faire des dégâts). Mais la socialisation ne s’arrête pas à 15-16 ans, quand l’adolescent a acquis globalement les règles de son environnement. Elle continue tout au long de la vie sous l’influence des médias, collègues, conjoints, enfants, amis, etc. C’est ce qu’on appelle la socialisation secondaire et il ne faut pas nier son influence. Certaines personnes, tout au long de leur vie, connaissance une mutation complète de ceux qu’ils sont, de ce qu’ils pensent, etc. du fait de cette socialisation secondaire.

 

Socialisation différenciée

Selon le milieu dans lequel on est, mais selon qu’on est une fille ou garçon, la socialisation ne sera pas la même.

Selon le milieu social, on apprendra qu’il faut, ou non, saucer son assiette, parler fort, parler bas, lire à table, etc. Du coup, les normes et les valeurs que les individus acquièrent ne sont pas les mêmes selon les milieux sociaux et la perception que les individus ont du monde est différente. Cette socialisation différenciée socialement conduit, par exemple, à des pratiques sportives différentes : dans certains milieux sociaux (les plus populaires), on valorise le courage, la combativité, la virilité, la force etc. et les individus vont avoir tendance (il existe toujours des exceptions) à pratiquer tel type de sports (la boxe, le judo, le foot…) ; dans d’autres milieux (les plus favorisés), on valorise la noblesse du geste, le maintien, la forme, le style, la retenue, etc. et les pratiques ne seront pas les mêmes (l’équitation, l’escrime, etc.).

La socialisation est également différenciée selon le sexe de l’enfant. Dans une très grande majorité, on attend des enfants, selon leur sexe biologique, certains comportements : du courage et de la virilité pour les garçons, de la délicatesse et de la féminité pour les filles. Dès lors, très souvent, les parents vont développer tout un tas de stratégies (ça va du cadeau de Noël au choix des pratiques sportives en passant par les activités domestiques – bricolage, ménage, etc.) pour que garçons et filles intègrent respectivement les comportements attendus des garçons et des filles. C’est ce que résume la célèbre maxime de la philosophe Simone de Beauvoir : « on ne naît pas femme, on le devient ».

 


POUR ALLER PLUS LOIN

Quelle est la liberté de l’individu durant sa socialisation ?

Pendant longtemps, les sociologues ont eu tendance à considérer comme passif dans son processus de socialisation. L’environnement social lui « injectait » des normes et des valeurs.

On est revenu en grande partie sur cette conception unilatérale de la socialisation.

D’un côté, l’enfant interagit avec son milieu. Ses parents peuvent, par exemple, tout faire pour qu’il aime lire mais il a des marges de manœuvre. Il peut se conformer aux attentes de ses parents ou, à force d’entendre des histoires racontées dans le lit le soir, en être complètement écœuré et, par opposition, refuser de lire… même si, une fois encore, les grands lecteurs sont en règles générale des enfants de grands lecteurs.

De l’autre côté, le temps passé avec les parents a tendance à se réduire : l’enfant est confronté de plus en plus aux autres instances de socialisation (l’école, les groupes de pairs, les médias) et dans cette multitude d’influence qu’il subit, il peut être amené à faire des choix, des combinaisons. Les parents apprennent aux enfants à être obéissants, mais les copains leur apprennent à être fidèles au groupe, à la bande. Si un enfant, bien « éduqué », se retrouve avec quelques copains qui veulent faire une bêtise quelconque qui va le conduire à désobéir, quel va être son choix ? se conformer aux attentes des parents (« ne fais pas de bêtises ! ») ou à celles de la bande copains (« si tu ne nous suis pas, tu nous trahis ! »).

On voit donc, dès lors que ce que nous devenons résulte d’une combinaison complexe entre ce que la naissance nous a donné (notre être biologique), les influences multiples de notre environnement social et enfin nos choix individuels. Quelle est la part respective de ces différents éléments ?... Le débat est loin d’être tranché !

Publié dans Seconde

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